Ecrivain et chroniqueur, lauréat du prix Femina en 1988 pour son roman Le Zèbre, Alexandre Jardin est candidat à la présidentielle. A 51 ans, Jardin défend une politique citoyenne, davantage accessible aux Français. Nous avons rencontré Robert Branche, directeur de sa campagne et architecte de son programme.
Militant pour une plus grande parole accordée aux citoyens, Alexandre Jardin a créé il y a environ trois ans le mouvement citoyen BleuBlancZèbre. Ce groupe a pour but de rassembler des acteurs de la société civile comme les associations, les fondations, les mairies et les entreprises. Leur objectif : impliquer les citoyens pour résoudre les problèmes sociétaux.
Puis, le 8 septembre, Alexandre Jardin décide de lancer en direct sur le célèbre réseau social, Facebook, un nouveau mouvement en ligne. Une vidéo qui comptabilise près de 700 000 vues. Dans le même esprit que BleuBlancZebre, l’écrivain veut rassembler des Français déçus par la politique et les inciter à la transformer à leur manière. C’est ainsi que naît le mouvement de la Maison des Citoyens, qui compte plusieurs centaines de maisons, présentes virtuellement sur Facebook et sur l’ensemble du territoire. Objectif : rendre visible la France “qui agit et qui est oubliée” à travers la plateforme. A partir de ces pages Facebook, les Français locaux peuvent décider d’entreprendre des actions comme contacter les élus locaux, les commerçants, les chefs d’entreprise. Ils organisent également des cafés citoyens où pour échanger les différentes idées de projets.
Puis, le 25 novembre dans un café à Lyon, Alexandre Jardin crée un mouvement politique avec un statut de parti : “les Citoyens”. Ce dernier se veut indépendant du schéma des partis politiques classiques afin de lancer une nouvelle dynamique sur la scène politique française. Les Citoyens sont une étape de plus dans la construction du mouvement La Maison des Citoyens. Une semaine après, Alexandre Jardin annonce sa candidature à la présidentielle sur FranceInfo, en précisant qu’il sera soutenu par Les Citoyens. Son programme est sorti il y a seulement 48 heures.
Alexandre Jardin, avec des membres du mouvement de la Maison des Citoyens, en train de faire un Facebook Live © I.Mathie
La campagne d’Alexandre Jardin en chiffres
2 500 000 personnes ont visité la page Facebook de “la Maison des Citoyens” la semaine dernière. “Soit 50% de plus que Fillon, d’après Robert Branche. C’est aussi le même niveau d’interactivité que Mélenchon et dix fois plus qu’En Marche, le mouvement d’Emmanuel Macron.”
60 000 sympathisants et 7 000 adhérents au mouvement “Les Citoyens”
Comment faire campagne quand on n’a jamais fait de politique ?
Robert Branche : Aujourd’hui, toutes les études politiques font ressortir des chiffres qui convergent : 80% des Français ne se retrouvent pas dans la politique actuelle (d’après les données du CEVIPOF). 75% des Français ne se reconnaissent chez aucun des trois grands partis : Les Républicains, le Front national et le Parti socialiste. Ils refusent de les écouter. Nous, on a un projet désintéressé et on leur dit : “Vous qui ne comptez pas, venez, réunissez-vous pour compter tous ensemble.”
Pour les 500 signatures, nous tentons de mobiliser ceux qui nous ont rejoints pour aller à la rencontre des maires. Nous avons également une proximité avec la fédération des maires ruraux, pourtant apolitiques pour la plupart. Certains d’entre eux nous ont accordé leur signature.
“Notre campagne se fait surtout sur Facebook”
Quel est le profil de vos adhérents ?
R.B : Tous sont âgés de 17 à 77 ans. Les deux tiers sont des femmes. C’est d’ailleurs le seul mouvement politique composé majoritairement de femmes. Nos adhérents sont généralement issus des catégories moyennes, avec quelques chefs d’entreprise, pas mal de professions libérales. Nous essayons aussi d’instaurer un lien avec les banlieues, sur le modèle de « l’association pour l’éducation par le sport ». Elle a eu un impact important sur plusieurs milliers de jeunes récupérés dans les clubs de sport, et amenés vers l’emploi.
Comment faites-vous pour avoir de la visibilité auprès des Français?
R.B : Nous “by-passons” (contournons, ndlr) les médias classiques. La plupart de notre activité se fait sur notre page Facebook. Notre site web est développé au minimum, et permet simplement d’adhérer. Nous utilisons beaucoup les réseaux sociaux pour faire connaître notre projet au plus grand nombre. Alexandre Jardin fait beaucoup de Facebook Live depuis sa page Facebook et celle de la Maison des Citoyens. C’est un bon moyen pour nous faire connaître et partager nos idées.
“S’il n’y a pas de changement majeur, la France va imploser”
Quelles sont les valeurs du projet d’Alexandre Jardin ?
R.B : Nous avons trois piliers : richesse, diversité et bienveillance. Nous voulons sortir d’une approche centralisée du pouvoir et nous appuyer davantage sur les territoires. Nous revendiquons une démocratie citoyenne. Il faut faire face à la réalité du terrain et arrêter de gouverner “par le haut”.
On ne peut pas trier les Français. On est tous Français. Le moment venu, nous proposerons d’activer une « pièce politique » pour rester sur la métaphore de la maison.
Plus concrètement, quels sont les grands points du programme ?
R.B : C’est la campagne d’une équipe, pas celle d’un seul homme. Il faut retourner aux fondamentaux d’une présidence de la Ve République, avec un gouvernement qui l’accompagne. Nous voulons transformer l’organisation politique française. Quant aux taux de chômage, aux taux de croissance, ça ne veut rien dire, c’est une moyenne. La réalité est à trouver dans le territoire. C’est une folie collective que de vouloir parler de politique de logement nationale, par exemple. L’une des questions, c’est : à quoi tout Français a le droit sur son territoire ? Il a un minimum à défendre. Par exemple, tout Français doit avoir droit à une crèche à moins de trente minutes de chez lui.
Au final, nous proposons un changement de méthode. Le seul risque que l’on prend, c’est que cela ne marche pas. Mais nous sommes convaincus que si rien de majeur ne se passe, le pays implosera entre 2017 et 2022.
Propos recueillis par Aliénor Vinçotte
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