C’est là où se jouera en partie l’élection présidentielle de mai prochain. Le quartier général d’un candidat est révélateur des moyens dont il dispose, de son organisation ; comme une miniature de la campagne à venir.
Déménagement chez EELV
Des cartons d’ordinateurs s’empilent dans le petit bureau sombre de Rosalie Salaun, directrice adjointe de la campagne de Yannick Jadot. Au quatrième étage d’un immeuble qui accueille surtout des assurances, le quartier général est encore en plein déménagement. “Vous voyez ce gros carton, c’est une dizaine de classeurs, et je dois trouver quelqu’un pour les numériser d’ici la semaine prochaine”. Le QG du candidat écolo quitte le Xe arrondissement et rejoint Europe Ecologie Les Verts à Montreuil. “Une question de place principalement, et de budget”, précise Mme Salaun.
A six mois de l’élection présidentielle, l’équipe commence à peine à s’installer. Cinq bureaux exigus qui se font face, quelques tabourets dans l’entrée, des autocollants vert pomme à l’image du candidat et une porte qui les sépare du reste d’EELV, voilà à quoi ressemble pour l’instant le QG de campagne de Yannick Jadot. Seulement quatre salariés à mi-temps, une photocopieuse, pas encore de machine à café… la campagne des verts tourne pour l’instant au ralenti, faute de moyens. “On fonctionne vraiment sur un petit budget. (lien à mettre sur le papier de Lucas/Alexandra) Au maximum on aura un million d’euros pour cette campagne, mais tant qu’on n’a pas les cinq cents parrainages, le parti n’avancera pas l’argent. Alors on bricole !” Cette campagne de petits moyens, Rosalie Salaun a décidé de la prendre comme un défi. “Ce qui nous sauve, c’est notre énergie !”, affirme la jeune femme qui bondit de derrière son bureau, une eco-cup siglée EELV à la main.
Esprit start-up au QG de Macron
Vitres teintées, digicode et bâtiment impersonnel, le QG d’Emmanuel Macron, dans le XVe arrondissement de Paris, se veut discret. Un grand sapin de Noël richement décoré trône dans l’open-space réservé aux bénévoles. C’est la seule fantaisie du lieu. La moquette est épaisse et l’ambiance studieuse. “On a quitté la tour Montparnasse parce qu’on était assis à même le sol à la fin”, explique une salariée. Il faut dire qu’ils sont un peu moins d’une centaine de bénévoles et vingt salariés à se retrouver au quartier général. Tous, pourtant, ne sont pas susceptibles de se croiser. Répartis sur trois étages de 400m2 chacun, les locaux de “En Marche!’ coûtent chaque mois 20 000€ au candidat. Hasard ou symbole d’une hiérarchie verticale ; la direction est au sixième étage, les salariés et quelques bénévoles à l’étage inférieur. Quant aux volontaires les plus occasionnels, ils sont relégués au quatrième étage.
Sur les murs blancs, un patchwork bariolé de stickers format A4 “Tous En Marche!” et quelques drapeaux européens. Les “marcheurs” sont organisés en pôles, comme l’équipe communication, forte de douze membres. L’équipe chargée du maillage du territoire a aussi son espace propre. Une grande carte de France piquée d’épingles est accrochée au mur.
A l’exception des chefs de section qui participent occasionnellement à des réunions, le QG n’a pas vocation à accueillir les militants. Emmanuel Macron a toutefois consenti à des aménagements : un open-space équipé d’ordinateurs et de chaises confortables, une cuisine spacieuse et un dortoir, où quelques salariés zélés passent parfois la nuit. Un esprit “start-up” qui n’est pas sans déplaire à celui qui se pose en “candidat du travail”.
Vice-président de l’Assemblée nationale cherche espace de coworking
C’est l’annonce qu’aurait pu faire paraître François de Rugy pour établir son QG de campagne. Le candidat à la primaire de la gauche a trouvé : ce sera un appartement partagé avec des chercheurs en sciences sociales. Pour 1300€ par mois, l’équipe du candidat dispose d’un petit bureau et de l’accès à une salle de réunion. La raison de cette colocation ? Le faible budget dont dispose le président du parti “Ecologistes!”, qui ne peut compter sur les 50 000€ que le PS alloue aux autres candidats issus de ses rangs. Pourtant, le local de campagne se situe sur le boulevard Saint-Germain, pas exactement l’endroit le moins cher de Paris. “Il fallait trouver un local proche de Solférino [le siège du PS, ndlr] et de l’Assemblée nationale, François de Rugy préside certaines séances”, explique Raphaëlle Ndaw, déléguée générale du parti.
Le budget de campagne pour la primaire est serré, à peine 30 000 euros provenant exclusivement des adhésions, des dons privés et des indemnités des élus. Pas d’argent donc pour embaucher, mais le candidat peut compter sur la mobilisation de bénévoles et des salariés du parti. Raphaëlle Ndaw, également collaboratrice parlementaire de François de Rugy, enlève ses chaussures et monte sur un fauteuil pour accrocher une affiche au mur. “Ici, tout le monde met la main à la pâte.”
Gabrielle Ramain et Victor Mallétroit
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