En période électorale, les équipes de militants s’affairent pour convaincre les indécis. Les jeunes font partie des groupes les plus actifs pour animer la campagne de leurs candidats. Comment les partis forment-ils ces militants inexpérimentés ?


Au Front National : « Donner aux militants le bagage culturel nécessaire pour convaincre et argumenter »

 

Le Front national est le plus actif pour la formation des militants. Et si la majorité des troupes militantes sont jeunes, pas de distinction de formation avec les personnes plus âgées. Le FN organise de nombreuses conférences comme « l’immigration et la doctrine socialiste » ou « De Gaulle et l’UE ». Objectif : donner aux militants le bagage culturel nécessaire pour convaincre et argumenter. Face à la probabilité d’un second tour entre François Fillon et Marine Le Pen, le Front national propose une intervention baptisée « Fillon, candidat de l’oligarchie » afin de déconstruire le programme du candidat des Républicains.

Au Parti Socialiste, permettre « l’égalité réelle des militants dans leur accès à la formation »

 

De même, le Parti socialiste insiste beaucoup sur la formation de ses militants, des cadres jusqu’aux jeunes. La prise de parole en public, la communication avec les médias ou encore la conduite d’une campagne électorale sont des ateliers plébiscités par les militants PS . Le parti prévoit d’augmenter la cadence de ses formations, afin de permettre « l’égalité réelle des militants dans leur accès à la formation », explique Nicolas Simiot, Responsable national du réseau des formateurs, dans des propos relayés sur le site du parti.

Au Parti Communiste Français, « des formations classiques pour les militants, accessibles à tous »

 

Historiquement, le Parti communiste français a toujours considéré la formation des militants comme un élément important de sa politique. Si le PCF organise toujours des ateliers de travail, la tendance est en recul. « Au sein du parti, il y a des formations classiques pour les militants, accessibles à tous, explique Arthur Lalan, membre du bureau fédéral. Ce sont des formations qui se passent sur une journée et qui abordent des thématiques très théoriques, par exemple marxistes ou des théories économiques. Mais il y a aussi des semaines de formation. Certaines sont réservées aux cadres, d’autres sont beaucoup plus spécialisées. Par exemple, une pour les lycéens sur les thématiques de la démocratie, des formations pour les jeunes travailleurs, etc. Autrefois aucun militant et aucun cadre ne pouvait passer à côté, ça faisait presque office de diplôme. Ça a disparu faute de moyens et faute d’ambitions. Au final, la formation se fait davantage entre les militants et reste très peu instituée. Organiser des formations se fait au bon vouloir des comités de section. »

Les Jeunes Ecolos, le mouvement le plus organisé

 

Les Jeunes Écologistes (JE) ne forme pas un parti à proprement dit, mais il est l’un des mouvements les plus organisés pour la formation de ses adhérents. À cinq reprises dans l’année, les militants de ce mouvement autonome d’EELV sont conviés à des réunions et autres forums d’ampleur nationale pour débattre sur de nombreuses thématiques. « On vient d’organiser un forum thématique à Rouen à propos des discriminations, détaille Benjamin Kaufman, secrétaire général du mouvement. Au mois de mai, il y a des formations pratiques pour les membres du bureau, pour prendre la parole en public, organiser une action locale, etc. »

Les Républicains : « Tracter sur le marché, c’est la meilleure des écoles »

 

Chez Les Républicains, il n’y a pas de formation nationale : ce sont les comités locaux (départementaux ou régionaux) qui décident de former ou non leurs équipes. « Quand on a beaucoup de jeunes adhérents entre 16 et 18 ans dont c’est la première campagne, on leur explique comment ça fonctionne, puis on les emmène tracter sur le marché. C’est la meilleure des écoles”, affirme Margaux Delétré, déléguée des Jeunes Républicains dans les Hauts de France.

En Marche : « On fait en sorte que les gens se forment sur le terrain » 

A En Marche, il n’y a pas de formation proprement dit. Les animateurs des comités locaux ont une grande liberté pour mettre en place leurs actions et organiser les troupes comme bon leur semble. « On fait en sorte que les gens se forment sur le terrain”, explique Margaux Pech, animatrice locale d’un comité du XVIIème arrondissement à Paris. “Il y a aussi beaucoup de partage d’expérience. Les gens qui ont déjà eu un engagement en politique orientent les plus jeunes. Mais il n’y a pas vraiment de formation, chacun arrive avec ses compétences et les animateurs orientent grâce à cela : certains tractent, certains démarchent pour récolter des adhésions, d’autres écrivent les brochures… » Pour certains événements, il y a malgré tout une formation.

 

Romain Harent