Charlotte Marchandise est arrivée en tête du premier tour de laprimaire.org, primaire « hors partis » qui vise à désigner un candidat citoyen à la présidentielle de 2017. Et elle ne compte pas s’arrêter là.


Comment en êtes-vous arrivée à participer à laprimaire.org ?

« J’ai beaucoup travaillé sur les questions numériques, donc quand j’ai découvert laprimaire.org, j’ai trouvé ça très chouette. Et puis, j’ai vu que sur les 200 candidats, il n’y avait que 10 femmes, ce n’était pas normal. Ma première réaction a été de prendre ma responsabilité et de me présenter pour qu’il y ait plus de femmes. Je me suis aussi présentée sur mes domaines d’expertise : la transversalité politique et la santé publique. Et puis ma candidature a émergé parmi celles qui étaient les plus porteuses. Du coup, je me suis dit : réfléchissons à une candidature collective, dynamique et de convergence de mouvements. Et c’est là que ça s’est vraiment lancé ».

Selon vous, pourquoi votre candidature a-t-elle été plébiscitée ?

“Je ne veux pas faire une carrière politique. Pour moi, il s’agit d’un passage, d’un engagement à un moment donné. Je ne suis pas fondamentalement attirée par le pouvoir, je souhaite garder une carrière à côté. Je pense que c’est ce qui a fait que des gens ont voté pour moi. Dire qu’être élue c’est être au service des citoyens, c’est la première étape. Ensuite, je pense que ce qui a convaincu, c’est que j’ai deux ans d’expériences d’élue. Ce n’est pas partisan, mais cela me donne une idée de la manière dont se prennent les décisions, à l’échelle locale, nationale voire internationale. Je suis respectée par des gens de droite comme de gauche. Je suis sur le terrain depuis  20 ans, je suis très généraliste et je sais animer des débats. Je pense que c’est ça qui fait de moi la personne choisie”.

En quoi consiste une campagne pour laprimaire.org ?

“Je ne crois pas que ce soit comme une campagne classique. On n’est que des bénévoles, on fait tous ça en plus de notre travail. C’est une campagne extrêmement low cost et qui évite la structure pyramidale : on a un groupe de référents par sujet. Les gens sont autonomes pour lancer un groupe du moment, ils doivent juste faire preuve de méthode et de rigueur ! Il faut vraiment que tous les talents puissent s’exprimer”.

Certaines de vos propositions sont très proches de celles de Jean-Luc Mélenchon, de Yannick Jadot ou de Benoît Hamon. Qu’est-ce qui vous différencie d’eux ?

“J’ai envie de dire il y a même des propositions qui pourraient convenir au Modem ou à l’UDI. Ce qui m’intéresse, c’est de faire sens commun autour de mes propositions. J’aimerais également créer des convergences avec des mouvements comme ‘Pouvoir citoyen en marche’ ou ‘Nous citoyens’. Ce sont des gens avec qui on est en accord à  75 % et en désaccord à 25 %. L’objectif, c’est de sortir du système partisan, où l’on cherche ce qui nous divise, pour aller chercher quelque chose qui nous rassemble. 

La première urgence est démocratique. Il faut que les gens aillent voter pour un projet, pas contre le pire. La deuxième urgence est écologique. C’est vraiment dommage que la droite dise que l’écologie est un sujet de gauche. C’est un sujet qui nous concerne tous. Et les enjeux écologiques peuvent répondre à des enjeux économiques. Je pense que ce discours ne doit pas rester seulement à gauche, même s’il est principalement porté par Yannick Jadot, Jean Luc Mélenchon maintenant, et par Benoît Hamon”.

Comment comptez-vous obtenir les 500 signatures nécessaires pour se présenter à la présidentielle ?

“Pour les 500 signatures, tous les contacts avec les élus locaux et notamment les petites villes sont positifs. Cela va prendre du temps, mais il y a beaucoup de maires qui ne se reconnaissent plus dans la politique nationale. Ils font de la démocratie tous les jours, avec un statut de l’élu compliqué. Ils gagnent 800 euros par mois, ils sont 24h sur 24 sur le terrain et en plus ils se font taxer de ‘tous pourris’. Je pense qu’on va vraiment avoir du soutien. Ce qui est essentiel, c’est d’avoir le soutien de quelques élus phares, de personnalités qui vont pouvoir en entraîner d’autres en toute transparence”.

Lucas Wicky