Les candidats d’En Marche et d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) sont les seuls à nous avoir transmis des détails sur leur budget de campagne. Et ils ne jouent pas dans la même cour.
Opacité des autres candidats
Tous les candidats n’ont pas le même souci de transparence. Le trésorier du Front national, Wallerand de Saint Just, après avoir répondu positivement à notre demande, a fait volte-face. Jean-Michel Dubois, responsable “finances” de l’équipe de Marine le Pen, réagit de la même manière : “sur les comptes de campagne, je ne souhaite pas répondre”. Une politique de silence, alors que le financement du Front National est l’objet de plusieurs enquêtes judiciaires. La trésorière de Jean-Luc Mélenchon, Marie-Pierre Oprandi, n’a pas non plus répondu à nos questions. Même son de cloche pour Nicolas Dupont-Aignan, chez qui on évoque un délai trop court. L’équipe de François Fillon, en cours de constitution, n’a pas donné suite. Et lorsque l’on contacte Daniel Fasquelle, le trésorier du parti, il précise être “le trésorier des Républicains et non [celui] de François Fillon…”
Si l’argent est le nerf de la guerre, pas étonnant qu’Emmanuel Macron ait plus de dix points d’avance sur Yannick Jadot dans les sondages. Fixé à environ 18 millions d’euros, son budget prévisionnel de campagne est 16 fois plus élevé que celui du vainqueur de la primaire écologiste (1,1 million d’euros). Une somme qui pourrait même ne pas être atteinte par le candidat écologiste. “Nous fonctionnons avec 153 000 euros jusqu’à l’obtention des 500 parrainages”, précise l’entourage de sa campagne. En face, les prévisions dépassent le plafond de dépenses autorisées pour le premier tour de l’élection présidentielle, maintenu à 16,851 millions d’euros. L’ex-ministre de l’Économie anticipe-t-il déjà une campagne de second tour ?
Côté recettes, pas de subvention publique pour le moment. Les deux candidats misent beaucoup sur des dons de particuliers, à l’honneur sur leurs sites de campagne. Chez Yannick Jadot, on affirme avoir déjà récolté 19 000 euros depuis le lancement de sa campagne. L’objectif est affiché à 290 000 euros. C’est sans commune mesure avec les 3,5 millions d’euros reçu à ce jour par Emmanuel Macron, qui vise un total de 9 millions d’euros. Le reste des financements proviennent de ressources d’EELV dans le cas du candidat écologiste et d’un projet d’emprunt pour le candidat “hors parti”.
Source : 20minutes.fr
Source : équipe de Yannick Jadot
Deux meetings, deux mesures
Ces différences de budget se retrouvent sur le terrain. Décor géant, scénographie étudiée, et plus de 10 000 personnes présentes : le meeting d’Emmanuel Macron, organisé à Paris le samedi 10 novembre, se voulait une démonstration de force. Et cela se retrouve dans les budgets. Selon son équipe de campagne, le coût total s’élève à environ 450 000 euros. Yannick Jadot voit les choses en moins grand. Son équipe prévoit un budget de 60 000 euros pour le premier grand meeting de sa campagne, qui se tiendra mi-mars à Nantes. Même constat du côté des QG des candidats. L’ex-ministre de l’Economie a fait le choix d’un local de 1000 m2 dans le XVème arrondissement de Paris, pour un loyer de 20 000 euros par mois, selon son entourage. L’ancien de Greenpeace, lui, partage les locaux d’EELV. Résultat : un loyer mensuel presque 40 fois moins élevé que celui d’Emmanuel Macron.
Sources : équipes de campagne des candidats
Yannick Jadot joue la transparence
Dans l’entourage du candidat écologiste, on joue la carte de la transparence, en rendant publique la répartition de son budget prévisionnel. La campagne low cost se traduit par des moyens réduits au strict minimum sur le terrain. D’après l’entourage de Yannick Jadot, le budget “déplacements” du candidat s’élève à peine à 10 000 euros. Aucun fonds n’est prévu pour des bus ou des trains de militants destinés à grossir les rangs lors des meetings, contrairement à ce qui peut se faire chez d’autres candidats. Enfin, le poste majeur de dépense est alloué aux salaires des employés de campagne. Là encore, il s’agit d’une équipe réduite : ils sont pour l’instant quatre, et à mi-temps. À l’inverse, chez En Marche, pas un mot sur la répartition des frais. “Le budget a un caractère stratégique très important, nous ne pouvons pas en révéler le contenu”, se contente d’indiquer Sibeth Ndiaye, qui a quitté le cabinet de Bercy pour s’occuper des relations presse d’Emmanuel Macron.
Source : équipe de Yannick Jadot
Dépendance au remboursement de l’État
Pourquoi une telle différence de budget ? Seuls les candidats qui obtiendront plus de 5% des suffrages exprimés au premier tour peuvent compter sur un remboursement de l’Etat allant jusqu’à 7,9 millions d’euros. Un score qu’Emmanuel Macron, qui oscille entre 13% et 18% des intentions de vote, a de bonne chance d’atteindre. Ce n’est pas le cas de Yannick Jadot, qui plafonne pour l’instant à 2,5%. Son équipe compte donc plutôt sur les 800 000 euros touchés par les candidats qui réussissent à récolter 500 signatures d’élus.
Lucas Wicky et Alexandra Saviana
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