La victoire de François Fillon à la primaire va modifier l’organigramme politique des Jeunes républicains. Principal défi : s’entendre avec les perdants alors que la campagne commence dès janvier.


 

Fillonistes de la première heure, soutiens de Bruno Le Maire ou jeunes sarkozystes, les Jeunes républicains appellent au pragmatisme. Pas de lutte de pouvoir inconsidérée, le mot d’ordre officiel est de conjuguer les talents. “Si on commence tous par se déchirer, on va finir comme le PS”, ironise la filloniste Héloïse Maindiaux. Depuis le retour de Nicolas Sarkozy à la tête du parti, ses partisans ont su créer un réseau solide au sein des Jeunes LR. Leur chef de file Charles-Henri Alloncle revendique 80% des cadres du mouvement fidèles à l’ancien président. Les qualités de communication des lemairistes sont reconnues par leurs anciens rivaux, tandis que les jeunes fillonistes bénéficient de la légitimité des vainqueurs. Au-delà de satisfaire les quotas des écuries perdantes, le responsable des Jeunes Républicains du Nord Antoine Sillani précise que le nouvel organigramme devra respecter la représentation des territoires ancrés à droite.

Malgré le raz-de-marée filloniste, la stabilité prévaut

Au bureau national des JR, on n’attend pas de grand bouleversement dans les prochaines semaines. Après la victoire de leur champion, les fillonistes entendent jouer les premiers rôles et pousser la candidature de leur président Cédric Rivet-Sow. Marine Brenier, présidente du mouvement depuis 2014, n’est pas contre l’idée de céder son poste. Elle craint toutefois qu’une nouvelle élection vienne diviser les militants à l’heure où François Fillon appelle au rassemblement.

L’union prônée par le candidat élu n’empêche pas les plus ambitieux de s’imaginer déjà à la présidence des Jeunes Républicains. Des responsables départementaux reprochent à Marine Brenier un manque de disponibilité, dû au cumul de sa fonction de présidente avec son mandat de députée des Alpes-Maritimes. Le trésorier du mouvement, Paul Guyot-Sionnest – qui a soutenu Bruno Le Maire – souhaite une personnalité expérimentée à la direction des JR. Cédric Rivet-Sow se verrait alors relégué à la tête des “Jeunes avec Fillon” pendant la campagne.

Que faire des juppéistes ?

Les soutiens d’Alain Juppé semblent être les grands absents des négociations. La raison avancée : l’ancien Premier ministre a joué l’ouverture pendant toute la primaire. Héloïse Maindiaux en parle encore avec une méfiance dans la voix. “On se demandait si certains de ses soutiens n’étaient pas du Parti socialiste”. Une stratégie qui a longtemps servi le candidat bordelais dans les sondages, mais ne lui laisse désormais qu’une influence relative au sein des Jeunes Républicains. Les jeunes sarkozystes reprochent à certains partisans du maire de Bordeaux de s’être vus vainqueurs trop tôt. “Ils n’étaient pas loin de se disputer pour savoir quelle serait la couleur de leur bureau”, lâche un responsable départemental. Cédric Rivet-Sow tempère, assurant pouvoir compter sur la majorité des Jeunes avec Juppé.

Le principal reproche adressé à Alain Juppé est d’avoir réuni sous son nom des militants expérimentés mais aussi de nouveaux visages, non-encartés et attirés par son discours modéré. Pas sûr que ces nouveaux militants souhaitent rejoindre la ligne conservatrice du député de Paris. Les équipes d’Emmanuel Macron l’ont bien compris. Une déléguée nationale des Jeunes Républicains raconte qu’elles recrutent chez les juppéistes, allant parfois jusqu’à les rejoindre dans leurs lieux de rencontre historiques. La question de cette fuite vers le centre contraste avec l’appel au rassemblement : fin novembre, 130 jeunes de l’UDI – parti centriste allié des Républicains – ont rejoint la Grande Marche de l’ancien ministre de l’économie. Cédric Rivet-Sow ne s’en formalise pas : selon lui, le projet de François Fillon ne bougera pas d’une virgule.

Mathilde Saliou et Martin Goillandeau

Crédit photo : fillon2017.fr