Charlotte Marchandise est la grande favorite du second tour de Laprimaire.org. Cette primaire “en ligne 100% démocratique” permettra de désigner la ou le candidat(e) qui représentera le mouvement citoyen à la présidentielle. Mais comment faire campagne lorsque l’on est anonyme ?


 

Charlotte Marchandise s’est présentée à LaPrimaire.org persuadée que “la politique n‘est pas un métier”. Quelques mois après sa déclaration de candidature, cette Montreuilloise de 42 ans est la grande favorite du second tour du scrutin citoyen. Depuis 2014, elle cumule son mandat d’élue municipale et son métier de formatrice indépendante : la voilà désormais aux portes de l’élection présidentielle. Et son équipe y croit.

LaPrimaire.org c’est quoi ?

“Remettre la démocratie au coeur du processus de désignation des candidats à la représentation nationale” : c’est l’objectif que se sont donnés les organisateurs de LaPrimaire.org. A l’origine, l’association Democratech qui veut réconcilier les citoyens et la démocratie en utilisant les nouvelles technologies. LaPrimaire.org est leur premier projet : seize candidats s’étaient qualifiés pour le premier tour en recueillant 500 soutiens de participants chacun. Le second tour a lieu ce jeudi et Charlotte Marchandise est favorite.

La course à la reconnaissance

“Le défi sera de réussir à gagner rapidement une très grande notoriété, et rattraper les autres candidats”, explique le directeur de communication de Charlotte Marchandise, Benjamin Ball. Premier objectif : obtenir les cinq cents signatures d’élus nécessaires pour se porter officiellement candidat à la présidentielle. Si elle est élue, Charlotte Marchandise sera aidée des équipes de l’association Democratech (voir encadré).

Plusieurs défis attendent les bénévoles dans ce marathon de sortie de l’anonymat. “Le problème majeur reste celui du crédit” politique, admet volontiers Benjamin Ball. Leur éloignement des hautes sphères politiques séduit, mais le manque d’expérience du pouvoir devient vite un bémol pour les candidats citoyens.

Pour compenser, l’équipe compte beaucoup sur le projet de Charlotte Marchandise, qui sera largement diffusé sur Internet. Son programme s’articule autour de trois grandes priorités : une nouvelle constitution, la lutte contre les inégalités, et la transition énergétique. Mais beaucoup d’autres sujets seront déclinés. “On s’emparera tour à tour d’un sujet simple mais fort, comme l’éducation ou la santé, et on relaiera nos propositions sur les réseaux sociaux”, explique Benjamin Ball.

Le but est de “percer” et de parvenir à imposer des thèmes de campagne, en incitant les médias à citer le projet de Charlotte Marchandise. Pour cela, “Twitter est un outil fondamental”. Mais pour Benjamin Ball, la plateforme la plus adaptée reste Facebook, qui permet de “toucher Monsieur ou Madame Tout-le-monde”. Les hashtags et visuels n’ont pas encore été définis. L’heure est à la mobilisation et à la formation de l’équipe.

Campagne express à prix discount

“On en est encore à rédiger la deuxième version du programme, explique Benjamin Ball. On continue à consulter la société civile.” Si elle est élue, Charlotte Marchandise aura pour mission d’élaborer un projet à l’écoute de la collectivité.

Elle aura cependant pour obligation, selon la charte de la primaire.org, de constituer un parti politique “qui portera le projet [qu’elle aura] présenté et co-construit”. L’organisation vivra le temps de la campagne mais sera dissoute après deux ans. D’ici-là, pas de meetings ou de grands déplacements prévus. Les événements prendront la forme de formations ou de débats publics organisés à un niveau très local par des bénévoles mobilisés “quartier par quartier, village par village”.  

“On a un petit budget”, commente Benjamin Ball. Seuls les particuliers sont autorisés à donner pour garantir l’indépendance de La Primaire. Sur le site, les soutiens sont nombreux – il y a eu plus de 100 000 participants – mais les dons ne suivent pas. Autour de 27 000 euros seulement ont été récoltés sur les 300 000 espérés.

Mais Benjamin Ball reste confiant : “Nous n’avons aucun doute : si en quelques semaines on a réussi à avoir plus de 27 000 euros, on aura les fonds nécessaires en janvier.” Les 300 000 euros seront partagés entre la campagne présidentielle  et l’organisation de 577 primaires pour les législatives. Aucune indication cependant sur le montant alloué à chacun des événements.

 

Marie Zafimehy